Il était... un poème.

J'ai marché longtemps

dans un brouillard opaque.

Seul, dans le froid glacial

de cette nuit éternelle,

mes pas résonnaient

inlassablement,

comme le fait le tic-tac

d'une horloge perpétuelle.

Je ne me rappelais plus

le point de départ

de cette longue marche

et ne voyais plus la fin

de cette aventure éprouvante.

Puis, un jour, je l'ai rencontrée.

Une étrangère, une couleur différente.

Elle m'a offert un visage souriant,

un regard d'outre-mer,

puis posée délicatement

sa main noir ébène sur mon épaule.

Elle m'a dit, de son accent particulier:

"Tu veux que nous devenions amis ?"

Comme par magie,

je me suis éveillé.

Je lui ai souri

et me suis effondré en pleurs,

comprenant qu'un miracle

venait de me transformer

en citoyen de ce monde.

Quand elle glissa sa main dans la mienne,

et que mon regard se fondit dans le sien,

elle devint le centre de ma vie,

la reine de mes sens.

Elle m'obligea, volontairement,

malgré nos différences,

à l'aimer tendrement, longtemps,

comme une douce continuité

dans cette magie,

doux contrôle de mes émotions.

Puis, quand je m'éloignai à regret,

je sus que je venais de puiser,

dans une grâce créatrice,

une émotion qui enjolivera

toutes mes journées.

Demain... je voudrai encore la revoir,

pour revivre cette magie inespérée

et cette douce différence

qui m'a sauvé du désespoir.

©Gaston Rossignol